- MÉDECINES ALTERNATIVES
- MÉDECINES ALTERNATIVESMÉDECINES ALTERNATIVESAussi loin qu’on remonte le cours de l’histoire, et en toutes régions du globe, l’art de soigner apparaît comme composante majeure de l’ordre culturel.Du shaman (chamane, homme-médecin) au neuropsychiatre, de l’exorciste au chirurgien muni des techniques avancées, le médecin est l’un de ces personnages fonctionnels que les sociétés investissent d’un pouvoir quasi discrétionnaire sur l’individu. Que ce pouvoir puisse être juridiquement sanctionné n’en change pas la nature. Tout malade est obscur à lui-même; il se livre au médecin pour être à la fois déchiffré et rendu à ce qu’il était ou veut être.La médecine officielle des pays technologiquement avancés pose le rapport malade-médecin dans les termes de l’objectivité expérimentale selon Claude Bernard, sans trop se dissimuler toutefois l’immence marécage d’empirisme plus ou moins critique dans lequel l’inéluctable nécessité d’action l’oblige à patauger.À côté de cette médecine à laquelle les sciences biologiques et la pharmacologie chimique, entre autres, ont apporté des connaissances et des moyens connus de tous, il existe ce que l’on pourrait nommer des médecines à doctrines, ou des systèmes médicaux qui reposent sur des principes ou des postulats, ce dont précisément la médecine scientifique se défend. Parmi ces systèmes, il en est deux qui jouissent de par le monde d’un crédit considérable: la médecine chinoise et l’homéopathie.La première, cosmologique, traditionnelle d’inspiration, poursuit une histoire plusieurs fois millénaire avec un succès soutenu. L’Occident s’est pris pour elle d’une certaine curiosité. La seconde, tolérée sinon vraiment admise, a d’innombrables adeptes.L’une et l’autre ont conquis des médecins formés à nos écoles; et sans doute constituent-elles les seuls systèmes médicaux non officialisés auxquels on reconnaisse, soit en fermant les yeux, soit en dépit d’interrogations méfiantes, des vertus thérapeutiques dans les régions de la pathologie fonctionnelle où notre médecine semble encore désarmée.Quant aux médecines inspirées par les mythes, les croyances et les doctrines philosophico-religieuses (telles que l’Ayurveda), ou plus simplement par les pratiques ou les recettes que la tradition orale véhicule, elles constituent aujourd’hui le champ d’investigation nouveau — et fécond — des ethnomédecines, qui investissent peu à peu le domaine des médecines «douces». En outre, faute de pouvoir toujours comprendre les arcanes du savoir médical scientifique, combien, parmi nos contemporains, ne sont-ils pas adeptes de l’autosuffisance hygiénothérapeutique, celle des vacances, du naturisme, du soleil (présumé bienfaisant) ou à défaut des ultraviolets qui «bronzent», ou encore de la relaxation (assistée par telle ou telle croyance adjuvante), que l’on fait volontiers alterner avec une «culture physique» multiforme et dévorante?
Encyclopédie Universelle. 2012.